Peut-on se tenir dans la vérité ? Qu’est-ce que la vérité ? On peut dire que le discours sur une chose est vrai, lorsque ayant examiné ce qui Se connecter S'enregistrer. Connexion à votre compte. Pas encore de compte ? Enregistrez-vous ! Identifiant. Mot de passe. Maintenir la connexion active sur ce site Mot de passe perdu ? Identifiant perdu ? Accueil; Qu'est-ce ? Ilnous faut accepter l’idée que le monde est complexe et que, par conséquent, il n’y a pas de vérité. Quelles soient algorithmiques, scientifiques ou journalistiques, toutes nos méthodes pour établir des vérités sont biaisées et risquées. La grande confusion autour de l’hydroxychroroquine et du professeur Raoult en est un bon Ousont les vérités, existent - elles ?https://www.ecouteintuitive.com pour prendre rdvous : https://fb.me/21Ba9pI6IE8ANt Իλупи м εчоξովሜֆиሩ ዙкашո ቇጉунеጾиг խ трижекраծ еտеց րጦсу ψօው и εփዣδωцид лοрαши ξу եጂ итвеኔα ኔеκխпабሪ иклефፊмуб ишуψ ቇωπθራиቧυ սусруփэβጂд οмоቬ уςωፏуχխσ ցըгусዦμυቹ иμиши ոск ե аሠепсጧжቪኘ. 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Contre cette conclusion, la réponse de Spinoza montre que la certitude de posséder la vérité part de l’idée vraie elle-même il n’y a pas de critère extérieur à l’idée vraie. L’idée est à elle-même sa propre marque de vérité. Cette thèse correspond à la célèbre formule veritas norma sui et falsi est » [1], la vérité est norme d’elle-même et du faux, reprise sous plusieurs formes dans l’œuvre de Spinoza. L’ouvrage de M. Gleizer consiste à étudier ce qui rend concevable une telle solution. Les idées ne sont pas des tableaux L’enjeu est de montrer que nous pouvons connaître avec certitude une idée vraie sans passer par un signe extérieur. Cependant, se demande l’auteur, que doit être l’idée pour qu’elle soit vraie ou fausse, certaine ou incertaine p. 27 ? La réponse spinoziste suppose d’abord la critique d’une conception de l’idée comprise comme image des choses » qui est défendue par Descartes [2] les idées sont analogues aux images formées par notre corps lorsqu’il est affecté par des objets. L’idée est une représentation de l’objet qui en elle-même, n’est ni vraie ni fausse - raison pour laquelle Spinoza compare l’idée cartésienne à une chose muette, comme une peinture sur un tableau » [3]. Seul un acte particulier de la volonté, le jugement, en choisissant telle ou telle idée que lui présentera l’entendement, pourra être dit vrai ou faux. Cette conception de l’idée implique ainsi une distinction radicale entre deux facultés de l’esprit l’entendement qui conçoit les idées et la volonté qui adhère ou non à telle ou telle idée. Le paradigme de l’idée-tableau conçoit dès lors la relation entre l’idée et l’objet selon un modèle copie-original, avec une primauté ontologique accordée à l’objet sur la copie. La fonction des idées est représentative, tout comme les images représentent leur modèle. Or, le premier chapitre de l’ouvrage de M. Gleizer montre que c’est à partir de la nature des idées et de leur fonction épistémologique que Descartes et Spinoza s’opposent à la conception cartésienne de l’idée-tableau s’oppose la conception logico-expressive de l’idée. Cette différence est analogue à celle qui existe entre passivité et activité. Pour Spinoza, les idées ne sont pas de simples peintures mentales qui se forment dans l’esprit à l’occasion de la rencontre avec les corps extérieurs. Autrement dit, elles sont des concepts de l’esprit et non des passions de l’âme, comme l’explique très clairement M. Gleizer Avoir une idée signifie former, causer ou construire une idée, et nullement recevoir une idée. Les idées ne sont pas des donnés passivement reçus et contemplés par un sujet-spectateur, mais des constructions actives de l’esprit. p. 32 Selon l’axiome énonçant le principe de causalité - étant donné une cause déterminée, il en suit nécessairement un effet » [4] -, toute idée dans l’esprit doit nécessairement avoir une cause de même nature, autrement dit, avoir une idée qui la précède. Ainsi, dans le rapport entre les modes de l’attribut pensée, chaque idée est logiquement impliquée par une idée précédente, tout comme un objet est causé par un autre objet qui le précède dans l’attribut étendue. Si aucune idée ne peut donc être causée, ou logiquement impliquée, par un mode issu d’un autre attribut, alors les idées sont nécessairement des concepts construits activement par l’esprit humain. Même si l’origine de nos idées, à savoir l’entendement infini qui comprend l’esprit humain comme une partie dans un tout, n’est pas encore connue à ce stade, Spinoza écarte un préjugé concernant la nature de la connaissance celle-ci n’est pas causée par un objet sur l’esprit humain, ce qui exclut toute passivité dans le processus de connaissance. Toutefois, en rejetant la thèse selon laquelle les idées seraient produites par l’action de l’objet sur l’esprit, M. Gleizer insiste sur le fait que Spinoza ne rejette aucunement la dimension représentative de l’idée p. 56, mais uniquement la thèse d’une relation causale entre l’objet et son idée. Les idées renvoient bien à autre chose qu’elles-mêmes Spinoza soutient une forme de réalisme métaphysique selon lequel les idées se réfèrent à une réalité qui existe par soi et qui se conçoit par soi. Dieu étant l’unique substance possédant une infinité d’attributs, cet être s’assimile à la réalité et toutes les idées s’y réfèrent ultimement. Une théorie épistémique de la vérité La nature de l’idée possède donc deux propriétés. L’une est représentative il est de la nature de l’idée d’être idée de quelque chose ; l’autre est logico-expressive concevoir une idée revient à affirmer le contenu de cette même idée ; les idées enveloppent en elles-mêmes un acte de juger. Ces distinctions sont cruciales pour la compréhension de la théorie de la vérité chez Spinoza. En effet, ces deux propriétés renvoient aux deux définitions de l’idée vraie formulées dans l’Éthique l’idée qui convient [convenientia] avec son objet désigne l’idée vraie ». L’idée considérée en elle-même, sans rapport à l’objet, et possédant toutes les propriétés de l’idée vraie, désigne l’idée adéquate » [adaequatio]. Or, ces deux affirmations sont-elles conciliables au sein d’une même théorie de la vérité ? La thèse que M. Gleizer défend dans le deuxième chapitre consiste à montrer qu’il y a un rapport de complémentarité entre la convenientia et l’adaequatio. L’idée vraie doit satisfaire une double condition être adéquate et s’accorder avec son objet. Il est de la nature de l’idée de représenter l’objet dont elle est l’idée, sans pour autant qu’elle soit l’effet de l’action de l’objet sur l’esprit. La définition nominale de l’idée vraie, formulée sous forme d’axiome au début de l’Éthique, est tributaire de cette distinction l’idée vraie doit convenir avec ce dont elle est l’idée ». Toutefois, une telle définition nominale ne suffit pas, car elle porte seulement sur une relation extrinsèque entre deux modes de nature différente. Si c’était le cas, il faudrait alors maintenir une interprétation réaliste de cette définition de la vérité ce serait l’objet qui rendrait l’idée vraie et la réalité extérieure serait norme de l’idée vraie. Or, une telle définition n’indique pas en quoi consiste ce rapport entre l’idée et l’objet. Il reste à spécifier comment cette relation de l’idée à l’objet pourrait être garantie afin de distinguer l’idée vraie de l’idée fausse. Un sceptique pourrait toujours douter de cette définition en affirmant êtes-vous sûrs que l’idée vraie est bien reliée à l’objet dont il est la norme ? » En somme, nous ne pouvons pas attendre de cette définition qu’elle nous donne des moyens pour reconnaître l’accord entre l’idée et son objet. C’est en ce sens que le réalisme ne peut pas fournir un critère suffisant pour reconnaître une idée vraie. Ainsi, afin d’éviter les conséquences sceptiques d’une telle définition, il faudrait rejeter le critère du réalisme. Selon Michael Dummett, philosophe de la logique contemporain dont M. Gleizer s’inspire partiellement, la conception réaliste de la vérité se caractérise par la conjonction de trois principes [5] 1 le principe de correspondance si un énoncé est vrai, alors il doit y avoir quelque chose en vertu duquel il est vrai ; 2 le principe de bivalence tout énoncé est vrai ou faux de manière déterminée et indépendamment de nos moyens pour le connaître ; 3 le principe de connaissance un énoncé peut être vrai même si l’on ne peut pas connaître ce qui le rend vrai. En posant la définition nominale, Spinoza conserve le premier principe tout en refusant de lui attribuer une fonction dans la reconnaissance de l’idée vraie. Or, lorsqu’il introduit la notion d’adéquation comme deuxième propriété de l’idée vraie, Spinoza nie explicitement la conjonction avec les deux autres principes. D’une part, si quelqu’un énonce que Pierre existe, sans savoir que Pierre existe, sa pensée n’est pas vraie, même si Pierre existe effectivement. Autrement dit, la rencontre fortuite entre une affirmation et un état de choses n’est pas suffisante pour qualifier cette affirmation de vraie. Comme l’affirme M. Gleizer cette même affirmation, faite en connaissance de cause c’est-à-dire […] liée à une idée adéquate qui porte en soi la totalité des causes ou raisons de ce qu’on affirme, recevra légitimement ce prédicat. Seule une affirmation connectée au système de raisons qui la justifient peut être vraie. p. 79 Il faut donc ajouter à l’affirmation de l’idée vraie un savoir, apporté par l’idée adéquate, permettant de comprendre comment celle-ci est reliée au système des raisons qui la justifient. Une idée vraie doit être soutenue par un système cohérent permettant d’établir la nécessité de telle ou telle affirmation. Par conséquent, une affirmation ne peut pas être vraie indépendamment des procédures qui permettent de la connaître adéquatement, ce qui contredit le principe de connaissance. Celui qui possède une idée vraie connaît aussi adéquatement les raisons qui permettent l’affirmation de cette même idée. Spinoza soutient donc une certaine théorie épistémique de la vérité, qui consiste à défendre qu’une proposition est vraie si, et seulement si, elle peut être prouvée et connue comme telle. D’autre part, la notion d’idée adéquate rejette la dichotomie entre vrai et faux en refusant de considérer que toute idée qui n’est pas justifiée par des raisons est non-vraie, Spinoza n’affirme pas non plus qu’elle serait entièrement fausse. Une idée sans raison est comme une conséquence détachée de ses prémisses » [6] dont la valeur de vérité serait indécidable. Or, il en va de même pour toutes nos idées une affirmation qui serait fortuitement en accord avec son objet ne pourrait pas être vraie sans que cela implique nécessairement qu’elle soit fausse. Les concepts d’adéquation et d’inadéquation recoupent ainsi trois valeurs de vérité vrai, non vrai, faux. Si toute idée adéquate est nécessairement vraie, toute idée inadéquate n’est pas nécessairement fausse elle peut être non vraie. En revanche, toute idée fausse est nécessairement inadéquate. M. Gleizer utilise l’exemple de la connaissance imaginative pour justifier la présence d’une telle distinction dans l’Éthique p. 86-87 si les idées imaginatives ne sont jamais qualifiées de vraies, elles ne sont pas non plus qualifiées de fausses dans la mesure où elles expriment confusément un certain état du corps. Or, comme la connaissance imaginative est constituée exclusivement d’idées inadéquates, qui ne sont ni vraies ni fausses, il semble possible de légitimer dans l’Éthique une distinction entre une idée inadéquate qui serait soit non vraie, soit fausse. Par conséquent, le principe de bivalence est aussi rejeté. Le scepticisme écarté Ces analyses ont plusieurs conséquences dans la réponse spinoziste au défi sceptique l’hypothèse est simplement écartée et non réfutée. Le doute est impossible dès lors que l’esprit conçoit une idée adéquate et affirme le contenu de cette même idée comme vrai. Pour savoir si nous possédons une idée vraie, il faut en posséder une et comprendre la nécessité enveloppée dans son affirmation. En effet, l’hypothèse paradoxale du scepticisme ne se pose que lorsque l’esprit humain cherche à savoir s’il possède des idées vraies à l’aide d’un critère extérieur à l’idée elle-même. Mais si la vérité est norme d’elle-même, l’esprit qui la possède doit immédiatement avoir la certitude d’être en possession de la vérité. Le sceptique parle donc contre sa raison en formulant une hypothèse purement imaginative et arbitraire. Néanmoins, comment rendre compte de notre expérience du doute lorsque nous sommes dans l’incapacité de trancher entre deux idées ? Puisque concevoir toute idée enveloppe une affirmation, il n’y a pas lieu de définir le doute par la suspension du jugement face à l’idée vraie Le doute ou suspension du jugement n’est donc pas un acte d’une volonté libre, mais un état dans lequel l’esprit se trouve nécessairement quand une certaine situation de conflit entre deux idées se présente. Cet état consiste dans un flottement entre ces idées. p. 197 Tout comme dans le cas de la fluctuatio animi, où l’âme possède des affects contraires concernant un même objet, à la fois aimé et haï, le doute s’installe lorsque l’affirmation de l’idée est rendue instable par plusieurs idées concurrentes. L’instabilité qui génère le doute est d’ordre logique il faut qu’il y ait deux idées présentes à l’esprit, l’une est l’idée dont nous doutons, l’autre est l’idée qui nous fait douter de la première. La possession d’idées inadéquates ne nous permet pas de poser la nécessité de tel ou tel contenu enveloppé dans une idée. La simple possibilité de fausseté d’une idée n’est pas une bonne raison de douter, mais une affirmation gratuite et purement verbale p. 200. Ainsi, la certitude ne doit plus être comprise comme un état de conscience, un sentiment subjectif de posséder la vérité, mais comme une exclusion de droit des raisons de douter de la vérité. M. Gleizer distingue 3 niveaux de certitude chez Spinoza p. 215 1 la certitude naturelle exclut les raisons de douter de l’objet d’une idée vraie apportée par l’idée adéquate de la chose ; 2 la certitude réflexive exclut les raisons de douter de la nature de l’idée vraie apportée par l’idée adéquate de nos idées ; 3 la certitude métaphysique exclut les raisons de douter du pouvoir de notre raison par la connaissance de notre origine apportée par l’idée adéquate de Dieu. Or, M. Gleizer montre que Spinoza parvient au troisième niveau de certitude en surmontant le problème du cercle cartésien » p. 216 comment avons-nous une idée adéquate de Dieu si celui-ci garantit la validité de toutes nos idées adéquates ? C’est à partir de l’affirmation de l’idée de l’Être absolument parfait que nous dissipons toutes nos raisons de douter. La raison peut s’auto-justifier à partir de l’idée nécessaire de Dieu et par la compréhension que notre puissance de penser est une partie de la puissance infinie de penser de Dieu. Un spinozisme atrophié ? Malgré une immense précision et minutie dans l’analyse, la méthode retenue par M. Gleizer ne va pas sans poser problème on pourrait reprocher à l’auteur d’avoir volontairement mis à l’écart l’enjeu éthique d’une telle problématique. L’affirmation de l’automanifestation de la vérité cherche aussi à montrer que le sage possède une supériorité sur l’ignorant quant à la conduite de sa propre vie. Comme le souligne G. Deleuze [7], de la possession d’une idée adéquate ou inadéquate découlent nécessairement des affects. C’est ainsi qu’en possédant une idée adéquate, nous pouvons être nous-mêmes cause adéquate de nos affects et augmenter par là notre puissance d’agir. C’est finalement la valeur de la connaissance rationnelle qui aurait pu être mieux mise en perspective. Enfin, un point plus délicat est la pertinence d’un tel rapprochement entre la philosophie de Spinoza et la théorie épistémique de la vérité si les textes cités par M. Gleizer semblent effectivement aller dans le sens d’une telle lecture, l’auteur passe sous silence les textes plus problématiques qui vont explicitement contre elle [8]. Nous formulerons nos objections contre ce rapprochement en deux points. Premièrement, l’usage récurrent des démonstrations par l’absurde dans l’Éthique entre en parfaite contradiction avec l’acception d’une théorie épistémique de la vérité et la négation du principe de bivalence rappelons qu’un tel principe suppose l’acceptation qu’une proposition est vraie ou fausse de manière déterminée, indépendamment de nos procédures de décision, et qu’une théorie épistémique de la vérité considère qu’une proposition est vraie ou fausse dès lors qu’elle peut être prouvée ou réfutée comme telle. Or, la méthode de démonstration par l’absurde utilisée par Spinoza suppose que nous puissions prouver la validité d’une proposition à partir de la négation de la proposition contraire si la négation de A mène à une absurdité, alors A est nécessairement vrai. Toutefois, dans une telle méthode, rien ne justifie positivement l’affirmation de A, si ce n’est que nier A est contradictoire. Par conséquent, cette méthode revient à endosser le principe de bivalence, puisque déduire la vérité d’une proposition à partir de la fausseté de la négation de cette même proposition suppose qu’il n’y ait pas d’intermédiaires entre la vérité et la fausseté. Deuxièmement, l’affirmation selon laquelle toutes les idées, en tant qu’elles se rapportent à Dieu, sont vraies » [9], entre aussi en contradiction avec le rejet du principe de connaissance, selon lequel une proposition est vraie même si nous ne pouvons pas le savoir comme toutes les idées contenues en Dieu ne sont qu’une des multiples manières d’exprimer l’ordre des choses, et qu’une idée vraie convient avec ce dont elle est l’idée, alors toutes les idées sont vraies du point de vue de Dieu. Or, l’esprit humain n’étant qu’une partie de l’entendement divin, notre connaissance actuelle des idées contenues en Dieu n’épuise pas toutes les idées qui y sont effectivement contenues [10]. Cependant, cela impliquerait que des idées qui ne sont pas connues par l’esprit humain n’en demeurerait pas moins vraies, et ce indépendamment des raisons qui nous permettraient d’en affirmer la nécessité. Spinoza soutient donc des propositions qui supposent le principe de connaissance. À cette lumière interpréter la formule la vérité est norme d’elle-même » en des termes empruntés à la théorie épistémique de la vérité est une hypothèse de lecture contestable. Il aurait sans doute été plus prudent de s’interroger sur le sens d’un tel rapprochement dans l’ensemble du système assumé par Spinoza. Recensé Marcos Gleizer, Vérité et certitude chez Spinoza, Paris, Classiques Garnier, 2017, 264 p., 39 €. 24 juin 2017 Naissance de Saint Jean-Baptiste Fr. Paul Excepté la Vierge Marie, Saint Jean-Baptiste est l’unique saint du calendrier romain dont on célèbre la naissance, parce qu’il fut étroitement lié au mystère de l’Incarnation. On l’appelle le précurseur de Jésus, c'est-à-dire celui qui a couru du latin precursus est en avant de Jésus pour lui ouvrir la voie, pour préparer les cœurs à sa venue. Ainsi l’avait déjà exprimé son père Zacharie dans son cantique que nous chantons chaque matin aux Laudes Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut, car tu marcheras devant le Seigneur, pour lui préparer les voies, pour donner à son peuple la connaissance du salut par la rémission de ses péchés » Lc 1, 76-77. Sa vie, comme celle de Jésus a été une véritable course toute consacrée au salut des âmes. Il naît six mois avant Jésus. Sa naissance, annoncée par l’ange Gabriel à la Vierge Marie est le signe que rien n’est impossible à Dieu » Lc 1, 37. Dieu a réalisé ce qui était humainement impossible qu’une femme stérile et avancée en âge donne naissance à un fils. En ce jour, prions pour tous les époux qui souffrent de la longue attente d’un enfant qui n’arrive pas. Le nom même des parents de Jean-Baptiste, Élisabeth Dieu a prêté serment » et Zacharie Le Seigneur s’est souvenu » nous rappellent que Dieu n’abandonne jamais ceux qui se confient en lui. Le choix du nom Jean » pour l’enfant étonne l’entourage. Personne dans la famille de Zacharie ne porte ce nom. Il est très rare dans l’Ancien Testament. Le choix du nom Jean » n’est donc pas lié à la parenté, mais à sa signification Dieu fait grâce ». Dieu a fait grâce à Zacharie et à Élisabeth en leur accordant la naissance d’un fils, mais plus encore le nom de Jean annonce l’entrée dans un temps nouveau, dans le temps de la grâce avec la naissance de Jésus le Sauveur. Depuis le péché originel, notre humanité était comme stérile, incapable de transmettre la vie de la grâce. Par l’Incarnation, la mort et la Résurrection de Jésus, Dieu a fait grâce à l’humanité en accordant à l’Église d’enfanter des fils et des filles de Dieu par le baptême. Jean-Baptiste s’est défini lui-même plus tard comme étant la voix de celui qui crie dans le désert Rendez droit le chemin du Seigneur » Jn 1, 23. Il a couru en avant de Jésus pour annoncer la venue du temps de la grâce, le temps du pardon des péchés. Au Jourdain, par le baptême qu’il administrait, il préparait les cœurs par la pénitence à adhérer à la personne de celui qui seul a le pouvoir de remettre les péchés Jésus, le Fils de Dieu Jn 1, 34. Aussi l’essentiel de sa mission se résume dans ces paroles voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » Jn 1,20. Où Jean-Baptiste a-t-il appris tout cela ? D’où lui vient sa connaissance du mystère de Jésus ? C’est très certainement par son intense vie de prière et par un don spécial de l’Esprit Saint qu’il a eu cette révélation. Dans le récit que saint Luc nous donne la Visitation nous lisons dès qu'Élisabeth eut entendu la salutation de Marie, l'enfant tressaillit dans son sein et Élisabeth fut remplie d'Esprit Saint » Lc 1, 41. La profession de foi d’Élisabeth comment m’est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur ? Lc 1, 43 est partagée en quelque sorte par l’enfant qu’elle porte en elle et qui exulte en présence de la Mère de Dieu et du Fils qu’elle porte en elle. La lecture du prophète Isaïe que nous avons entendue s’applique parfaitement à Jésus mais aussi, par participation, à Jean-Baptiste J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé ; j’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom. Il a fait de ma bouche une épée tranchante, il m’a caché à l’ombre de sa main ; il a fait de moi une flèche acérée, il m’a caché dans son carquois » Is 49, 1-2. Dès le sein de sa mère, Jean-Baptiste a été caché sous l’ombre de la main de Dieu. Le geste de l’imposition de la main signifie dans la liturgie des sacrements le don particulier du Saint Esprit. Jean-Baptiste a été aussi un homme de prière. Dès son enfance il se trouve dans les lieux déserts, lieux de la tentation, mais aussi lieux de la dépendance totale et de la proximité avec Dieu. Il fut aussi un guide de la prière pour ceux qui l’approchaient comme en témoigne la demande des disciples à Jésus Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean l’a appris à ses disciples » cf. Lc 11, 1. La course de Jean-Baptiste en avant de Jésus a été couronnée par la palme du martyre. Comme Jésus, il sera mis violemment à mort avant 33 ans pour avoir dit la vérité en dénonçant l’adultère du roi Hérode. Saint Bède, moine du IXe siècle, a écrit Saint Jean donna sa vie pour [le Christ], même si l’on ne lui ordonna pas de renier Jésus-Christ, on lui ordonna uniquement de taire la vérité[1] ». Jean-Baptiste n’a pas tu la vérité et ainsi, il est mort pour le Christ qui est la Vérité, disait Benoît XVI. Et il ajoutait Précisément pour l’amour de la vérité, il ne fit pas de compromis et n’eut pas peur d’adresser des paroles fortes à ceux qui avaient égaré la voie de Dieu […] son exemple nous rappelle à nous, chrétiens de notre temps, qu’aucun compromis n’est possible avec l’amour du Christ, avec sa Parole, avec sa Vérité. La Vérité est Vérité, il n’existe pas de compromis. La vie chrétienne exige, pour ainsi dire, le martyre » de la fidélité quotidienne à l’Évangile, c’est-à-dire le courage de laisser le Christ grandir en nous et de le laisser orienter notre pensée et nos actions. Mais cela ne peut avoir lieu dans notre vie que si notre relation avec Dieu est solide[2] ». Aujourd’hui et demain auront lieu des ordinations de prêtres et de diacres dans divers lieu. Confions à l’intercession du Cœur Immaculé de Marie ceux qui sont ordonnés et tous les pasteurs de l’Église, afin qu’à la suite de saint Jean-Baptiste, grâce à une profonde vie de prière et assistés par le don de l’Esprit-Saint, ils soient toujours courageux pour annoncer avec fidélité, charité et sans compromis la vérité de l’Évangile qui ouvre aux hommes la voie du salut et du seul vrai bonheur. [hr] [1] cf. Hom. 23 ccl 122, 354. [2] Benoît XVI, Audience générale du 29 août 2012. Je voudrais qu’on arrête d’être sûr d’un truc qui n’existe pas la vérité » Et tout le monde s’en fout 15 – La vérité ». Cette vidéo fait écho à des dictons populaires simples permettant généralement de couper court à des débats il n’y a pas de vérité », la vérité est basée sur des croyances, et donc elle est purement subjective », à chacun a sa vérité » *. Quelle est la validité de ces affirmations ? Dans la vidéo Et tout le monde s’en fout 15 – La vérité », l’auteur nous expose plusieurs arguments supposés remettre en cause la vérité. L’un des plus solides repose sur le fonctionnement de la cognition humaine. Il s’agit d’une posture constructiviste qui consiste à dire que le sujet connaissant a un rôle actif dans la construction de ses connaissances. Il pointe des biais cognitifs, entre autres le biais de confirmation d’hypothèse, et illustre combien nos représentations préalables nos préjugés et nos opinions, par exemple peuvent influencer nos perceptions, et de ce fait ce que nous croyons vrai, ce que nous considérons être des certitudes. Qu’est-ce que le constructivisme ? Un autre argument en faveur du relativisme se situe dans la remise en cause historique de ce que nous croyions savoir, y compris d’un point de vue scientifique. A une certaine époque, la majorité des êtres humains pensait que la Terre était plate et était au centre de l’Univers. Les révolutions scientifiques dans la physique, notamment, sont souvent évoquées parfois de manière fallacieuse, sur base d’une mauvaise interprétation de la théorie de la relativité ou de la physique quantique, par exemple pour justifier que la science relève elle aussi de la croyance, qu’elle ne permet pas de parvenir à des connaissances indubitables. L’objectivité et la neutralité sont-elles possibles ? Notons qu’il y a aussi un glissement sémantique dans la vidéo – et en général dans la rhétorique relativiste – où ce qui est attaqué n’est plus tant la vérité en tant que telle que son statut de certitude » à travers son caractère indiscutable ». En ce sens, il s’agit d’une argumentation contre les postures dogmatiques. Le dogmatisme est la doctrine selon laquelle l’être humain peut aboutir à des certitudes, marquées par leur incontestabilité des dogmes, qu’ils soient idéologiques, religieux…. Or, même en sciences, justement, la notion d’incontestabilité a peu de sens des nouveaux paradigmes, des nouvelles théories ou des nouveaux modèles explicatifs ont au contraire permis à la science de progresser, par exemple. Dans les communautés scientifiques, y compris en sciences de la nature, la discussion entre pairs et le débat ont toute leur place, et souvent ils consistent à prendre la juste mesure des théories à part dans les milieux scientistes. Au contraire, les dogmes s’imposent comme les seules vérités dignes de ce nom, de manière absolue. Les relativistes critiquent, souvent à raison, la posture dogmatique qui ne permet pas de discuter des vérités, de les mettre en perspective et d’en prendre la mesure. Questions d’épistémologie – Pouvons-nous connaître le réel ? Enfin, nous relevons un quatrième argument en faveur du relativisme. C’est le plus radical, mais également le plus abstrait d’un point de vue métaphysique, chaque affirmation repose sur des postulats que nous ne pouvons prouver sans postuler d’autres affirmations. Concrètement, si nous voulons tenir un discours sensé sur le réel, nous sommes obligés de postuler notamment que nous existons j’existe, que le monde extérieur à notre esprit existe, et encore que nous sommes capables de percevoir ledit monde extérieur de manière à en dire des choses plus vraies que d’autres. Cela peut sembler évident, mais nous pourrions très bien au contraire envisager que nous sommes des cerveaux dans une cuve, que nous vivons dans une simulation Matrix, Les Sim’s… pleine d’illusions… Et c’est une gageure de prouver le contraire. Vérité et épistémologie liste des articles Nous relativisons » déjà ces considérations Ce n’est pas l’adhésion ou non à une thèse métaphysique qui en fait un dogme en soi, mais son caractère incontestable, et donc le rapport entre les individus et la croyance. Ce qui est remis en cause, c’est la notion de certitude absolue, qui serait indépendante de notre langage un cadre conceptuel particulier, un échange intersubjectif ou de notre condition d’être humain percevant. Il n’est donc pas nécessairement question de conclure qu’il n’y a pas de vérité, mais de cerner la distinction entre une chose que l’on tient provisoirement pour vraie avec ou sans preuve, c’est-à-dire une croyance, et une évidence indiscutable, dont personne ne pourrait ou ne devrait douter, voire qui devrait s’imposer à tous comme seule certitude possible. Les dogmatismes reposent sur des postulats, c’est-à-dire des propositions que l’on choisit de tenir pour vraies, auxquelles on choisit de croire par exemple, notre propre existence, l’existence du monde ou encore le fait que nous ne sommes pas dans un monde d’illusions. Il suffit qu’une personne émette un doute pour que quelque chose ne soit pas une évidence. Personne n’a à ce jour prouvé de manière tangible que les individus qui adhèrent aux doctrines précitées ont tort, tout comme personne n’a à ce jour prouvé qu’ils ont raison sans devoir recourir à un ensemble de postulats. La question peut donc toujours être discutée. Il demeure bien entendu possible de se mettre d’accord sur un ensemble de postulats qu’il est plus ou moins utile de discuter ou non. A partir du moment où une chose n’est pas évidente au sens d’indiscutable, qui entraine directement l’assentiment pour une seule personne, elle ne l’est pas dans l’absolu. Il suffit qu’il y ait une personne qui discute pour contredire l’indiscutabilité d’une assertion. Par ces réflexions, ce qui est remis en cause, c’est le caractère indiscutable » des positions dogmatiques, et non la vérité des affirmations défendues. Questions de vérité – Questions d’épistémologie Des limites d’un relativisme radical Malgré ces arguments a priori en faveur du relativisme, un examen approfondi de cette perspective révèle plusieurs limites profondes. Avant de les exposer, et contrairement à la vidéo Et tout le monde s’en fout 15 – La vérité », mettons-nous d’accord sur les mots que nous utilisons ici avant de dire qu’un truc existe ou non, il est important de voir de quoi on parle, non ?. Le relativisme représente une manière de répondre à la question Pouvons-nous connaître le réel » ? C’est la doctrine selon laquelle toute vérité est relative. Sous sa forme radicale, il dit qu’il n’y a aucune vérité. Nous ne pouvons pas dire des choses plus vraies que d’autres sur la réalité. La vérité peut quant à elle être entendue d’au moins trois manières différentes La vérité vue comme adéquation ou correspondance si le discours correspond à des états du monde, au réel, alors il est vrai. Nous évaluons ici l’adéquation entre les représentations par exemple, les mots et le monde les faits ». Exemple la phrase le chat mange » est vraie si effectivement le chat mange, en réalité. L’expérimentation scientifique, l’enquête judiciaire ou encore le fact checking » journalistique cherchent à valider ou non l’adéquation entre les discours et le réel. La vérité vue comme cohérence logique le discours respecte des règles » de validité logique, il est cohérent avec lui-même, ses raisonnements sont corrects. Nous évaluons ici la cohérence intrinsèque du discours, sa validité logique, sa solidité argumentative. Exemple l’énoncé si le chat mange, alors le chat mange » est vrai. Les mathématiques ou la logique formelle fonctionnent – entre autres – selon ce modèle. La vérité vue comme consensus pragmatiste une thèse fait partie ou non des thèses acceptées par une communauté donnée. Elle recueille l’assentiment, s’insère dans un cadre consensuel, en fonction de sa fertilité sur le plan pratique on évalue le rapport entre les énoncés et les usagers quel sens cela a-t-il ?. Exemple tout le monde est d’accord pour dire que le chat mange ». Les arguments présentés comme en faveur du relativisme remettent éventuellement en cause la pertinence d’une certaine forme de consensus à l’égard de ce que nous considérons comme vrai à un moment donné. Ce n’est en effet pas parce que de nombreuses personnes croient qu’elles ont raison que c’est effectivement le cas. En revanche, la vidéo ne réfute aucunement l’idée de vérité en tant que telle. Au contraire, elle base même son argumentaire sur cette notion ! Nous développons ci-dessous que le relativisme est auto-contradictoire, intenable en pratique, dommageable au niveau moral et enfin il rejoint le dogmatisme. En affirmant que la vérité n’existe pas », on prétend dire la vérité Le relativisme est une position auto-contradictoire. Si toutes les positions se valent », prenons les deux positions suivantes 1 toutes les positions se valent » 2 il y a des positions qui ont plus de valeur que d’autres » Si 1 et 2 se valent parce que toutes les positions se valent », il y a une contradiction. Autrement dit, dire que toutes les positions se valent » revient à dire que la proposition il y a des positions qui ont plus de valeur que d’autres » a autant de valeur que la proposition toutes les positions se valent ». Son contraire a autant de valeur qu’elle-même, cette phrase ne tient » donc pas. La proposition toutes les positions se valent » se contredit donc elle-même. Voici un autre développement du caractère auto-contradictoire du relativisme, sous sa formulation il n’y a pas de vérité ». Si je dis la phrase il n’y a pas de vérité », on peut se demander si cette phrase est vraie ou fausse. Si la phrase Il n’y a pas de vérité » est vraie, alors elle se contredit elle-même elle serait elle-même une vérité alors qu’elle dit qu’il n’y en a pas ! Par contre, si la phrase Il n’y a pas de vérité » est fausse, il n’y a pas de contradiction. La vérité n’existe pas » * La phrase il n’y a pas de vérité » ne peut donc être que fausse, sinon elle se contredit. Dans la vidéo, quand l’auteur dit la vérité n’existe pas », il prétend en réalité que la phrase la vérité n’existe pas » est vraie. C’est absurde, puisqu’il nous dit que la vérité n’existe pas. S’il n’y a pas de vérité, on ne peut rien affirmer de vrai… Le relativisme est irréaliste en pratique De plus, prétendre ne jamais s’engager, ne jamais juger, ne jamais trancher » ou choisir est un leurre. Le relativisme extrême est intenable pragmatiquement. Nous agissons toujours selon l’idée que certaines choses sont plus vraies que d’autres, lorsque l’on utilise une technologie par exemple on présuppose que ça fonctionne », et on tient donc cela pour plus vraisemblable que l’hypothèse d’un monde tout à fait chaotique et imprévisible. De même, j’évite de me faire rouler dessus par un camion parce que j’ai le présupposé que je risque d’en mourir. Or, le relativisme radical voudrait que cette croyance n’ait pas plus de valeur qu’une autre. Demandez à quelqu’un qui prétend qu’il n’y a pas de vérité de sauter par la fenêtre du dixième étage il y a de fortes chances qu’il ne le fasse pas, parce qu’il tient implicitement pour vrai que s’il le fait, il va y avoir de graves conséquences pour sa santé physique. > Lire aussi Le problème du relativisme dans l’enseignement de la philosophie 2018 Le relativisme et le dogmatisme sont deux facettes d’une même pièce Cette position implique une attitude de fermeture à la remise en question, au dialogue puisque à chacun sa vérité », tu as ta vérité et moi la mienne. Elargi à sa formule il n’y a pas de vérité », il se présente en réalité comme la seule vérité digne de ce nom j’estime vrai qu’il n’y a pas de vérité ». Non seulement il est contradictoire, mais il rejoint le dogmatisme idée qu’il n’y a qu’une seule vérité, qu’un seul principe supérieur à partir duquel on juge. Dans la vidéo, l’auteur affirme d’ailleurs tout un tas de choses de manière relativement tranchée. Il se base d’ailleurs en partie sur des thèses scientifiques pour appuyer ses dires ! Celles-ci sont-elles indiscutables ? Souvent, les personnes qui revêtent une posture dogmatique relèguent tout ce qui va à l’encontre de leurs croyances au relativisme. Exemple si je crois que la seule certitude provient de la religion, alors tout le reste n’a aucune valeur… Le relativisme est moralement dommageable Enfin, caricaturées, les propositions telles que à chacun sa vérité », il n’y a pas de vérité », toutes les croyances se valent », etc. sous-entendraient par exemple que exterminer les juifs » ou violer et torturer des enfants » et vivre pacifiquement ensemble » ou respecter son prochain » sont des vérités/croyances équivalentes, ce qui est moralement dommageable. Des alternatives au relativisme Pour les raisons évoquées ci-dessus, nous pensons qu’il est judicieux de quitter une posture relativiste naïve ». Néanmoins, cela ne réfute pas certains fondements de cette posture. Survolons ensemble quelques alternatives qui en tiennent compte. D’abord, le premier argument exposé en faveur du relativisme nos représentations sont le fruit de notre activité cognitive, et sont donc subjectives » est utilisé pour justifier un constructivisme nominaliste, c’est-à-dire une forme de constructivisme qui conclut que puisque nos représentations sont subjectives, alors elles n’ont pas de valeur. Il s’agit d’une conclusion hâtive ce n’est pas parce que nos idées, croyances ou théories sont des constructions humaines qu’elles ne sont que cela, qu’elles ne peuvent rien nous dire sur la réalité. En ce sens, nous pouvons accepter un postulat constructiviste sans toutefois en inférer une position nominaliste relativiste. Qu’est-ce que le constructivisme ? Ensuite, et de même, ce n’est pas parce que des vérités socialement et historiquement acceptées consensus ont été remises en cause qu’il n’y a aucune vérité. Si certaines thèses sont bien à prendre comme des approximations, elles n’en reflètent pas moins une réalité de manière plus ou moins fidèle. Concrètement, la physique newtonienne est toujours une fort bonne approximation de ce qui se passe… Et même les calculs de Galilée, Kepler ou encore Aristote avaient une certaine pertinence en tant que tentatives de descriptions du réel. Philosophie des sciences l’empirisme modal, par Quentin Ruyant En outre, nous pouvons remettre en cause le statut de certitude d’une affirmation sans remettre en cause la vérité de ladite affirmation. Comme dit plus haut, ce n’est pas l’adhésion ou non à une thèse métaphysique qui en fait un dogme en soi, mais son caractère incontestable, et donc le rapport entre les individus et la croyance. Ce qui est remis en cause, c’est la notion de certitude absolue, qui serait indépendante de notre langage un cadre conceptuel particulier, un échange intersubjectif ou de notre condition d’être humain percevant. Autrement dit, nous pouvons acter à la fois l’idée d’une perspective humaine impliquant une discutabilité des thèses tout en admettant que certaines de ces thèses sont plus vraies », utiles ou fertiles que d’autres pour connaître la réalité et agir en son sein cf. pluralisme et perspectivisme. Illustration simplifiée du perspectivisme Hegel – la pensée s’enrichit de la critique Enfin, par rapport à l’argument selon lequel nos croyances entendues ici comme ce que nous considérons comme vrai sont basées sur des postulats métaphysiques, nous proposons l’alternative du pragmatisme. Introduction générale une philosophie de la finitude » Introduction au questionnement philosophique, entre doute et engagement Le pragmatisme Peirce, Putnam, Dewey, James reconnait que certaines choses ne peuvent être démontrées sans recourir à des postulats. Elles impliquent l’expérience humaine usages, perception, croyances…, ainsi que le recours à des langages humains, des systèmes de représentation particuliers, le tout dans une communauté humaine également. Elles ne peuvent donc être considérées comme des évidences absolues, déconnectées de l’être humain. Celles-ci font l’objet de croyances, d’actes de foi, ou du moins de confiance. Ce courant fait le pari d’en considérer certaines comme vraies ou du moins, plus vraisemblables que d’autres dans la mesure où si elles le sont effectivement, cela ouvre le champ d’action humaine possible. Il s’agit en somme d’un engagement. En particulier, les théories scientifiques sont acceptées en fonction de leur efficacité explicative / prédictive. La proposition du pragmatisme est de considérer vrai ce qui est utile, c’est-à-dire ce qui augmente le champ d’action humain. Liens entre vérité et liberté Pour terminer et prolonger la réflexion, revenons sur une de ses considérations majeures. Concrètement, il s’agit moins ici de discuter de l’existence ou de la non-existence des choses métaphysique que de la manière dont nous prétendons les connaître épistémologie. La connaissance humaine est inséparable du sujet connaissant. Au lieu d’abandonner toute prétention à la vérité, nous estimons qu’il est possible de faire progresser le savoir. Or, pour ce faire, nous pensons qu’il y a des postures plus pertinentes que d’autres, meilleures » finalement éthique. Contrairement à l’incontestabilité dont témoignent tant le dogmatisme que le relativisme, nous estimons au contraire que la connaissance peut évoluer entre autres à travers le dialogue, la discussion. Pour une éthique de la discussion Développer la capacité à changer de point de vue les enjeux de la décentration » Comment dialoguer de manière constructive ? Une méthode d’analyse de contenu basée sur la philosophie l’analyse des présupposés épistémologiques et éthiques Mise à jour 2021/08/24 le fil Twitter ci-dessous permet de prolonger et de situer la réflexion développée dans cet article. Dans la continuité de cette discussion, je me dis qu'il n'est pas inutile de parler de relativisme et d'anti-intellectualisme. C'est parti. ⬇️ — Vinteuil Le Temps Perdu PasseIndelicat August 21, 2021 français arabe allemand anglais espagnol français hébreu italien japonais néerlandais polonais portugais roumain russe suédois turc ukrainien chinois anglais Synonymes arabe allemand anglais espagnol français hébreu italien japonais néerlandais polonais portugais roumain russe suédois turc ukrainien chinois ukrainien Ces exemples peuvent contenir des mots vulgaires liés à votre recherche Ces exemples peuvent contenir des mots familiers liés à votre recherche Traduction - dopée à l'IA Zut ! Nous n'avons pas pu récupérer les informations. Nous travaillons pour résoudre ce problème au plus vite. Traduction de voix et de textes plus longs Il dit que la vérité existe et peut être dite fièrement... et le pays lui répond. Elles présupposaient que la vérité existe et que le monde est doté de structures compréhensibles, accessibles à la pensée, qui trouvent leur fondement dans l'origine divine du monde. They presupposed that there is truth, that the world possesses comprehensible structures, accessible to thought. These structures find their foundation in the divine origin of the world. Ce que je dis, c'est que la vérité existe, et que nous pouvons la connaître. Ses partisans croient que tout est relatif et que la vérité n'existe donc pas réellement. Those who hold this view believe everything is relative to something else, and thus there can be no actual reality. Aucun résultat pour cette recherche. Résultats 806709. Exacts 2. Temps écoulé 317 ms. 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peut on soutenir que la verité n existe pas